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Mes contes de fées

La fée et le voyageur

Publié le 7 Mars 2013 par BengiBerte in amitié, handicap, fées, animaux, un de mes contes

 

Il était une fois une fée très laide et très joyeuse qui vivait au fond d’un puits, au milieu d’une grande forêt. Cette fée aimait parler, rire, raconter des histoires drôles et écouter bavarder les passants. Malheureusement, cette fée s’ennuyait et se sentait très seule car les gens ne passaient pas très souvent dans sa forêt. Ceux qui la croisaient par hasard se sauvaient en courant quand ils la voyaient car elle était vraiment très laide : elle avait le nez crochu, le menton en galoche et un œil deux fois plus grand que l’autre, ce qui faisait qu’on la prenait pour une méchante sorcière. La pauvre fée n’y pouvait rien. Elle avait beau dire : « Mais attendez ! Ne partez pas, je veux juste vous raconter une histoire ! », les gens partaient quand même, ce qui causait beaucoup de chagrin à la pauvre fée. Elle devait se contenter de parler aux oiseaux et aux écureuils.

 

Un jour, tandis qu’elle racontait une histoire à un faon, la fée entendit un bruit de pas et une voix qui chantait. Elle s’approcha et vit un homme qui s’avançait lentement sur un sentier en se guidant à l’aide d’un bâton. La fée comprit que l’homme était aveugle et n’aurait pas peur d’elle.

 

-Bonjour, lui dit-elle en s’approchant. J’ai envie de bavarder. Aimeriez-vous que nous fassions un bout de chemin ensemble ?

 

-Avec plaisir, lui répondit le voyageur.

 

Et ils firent un bout de chemin ensemble en bavardant et en plaisantant. Près du puits, ils s’arrêtèrent pour se reposer et la fée confia au voyageur qu’elle était une fée, ce qui le fit rire.

 

-Voyons, dit-il, ce n’est pas bien de se moquer de moi alors que je ne peux pas vous voir !

 

-Si ! protesta-t-elle. Quand quelqu’un se montre gentil avec moi, je peux exaucer un de ses vœux. Vous avez été très gentil avec moi, d’ailleurs, ajouta-t-elle en rougissant un peu.

 

-Mais alors, pourquoi ne pas nous revoir ? proposa-t-il. J’habite chez un ami, dans la maisonnette blanche au bord du village. Vous pourriez passer nous voir un soir, et on parlera encore.

 

La fée acquiesça, émue, et accompagna son nouvel ami jusqu’au bord de la forêt. Quelques jours plus tard, elle décida d’aller lui rendre visite. Elle prit une corbeille et y mit des fruits sauvages car elle avait entendu dire que ce n’est pas poli d’arriver chez un ami les mains vides, puis se mit en route le soir pour ne pas risquer de croiser quelqu’un. Elle trouva sans peine la maisonnette blanche, risqua un coup d’œil par la fenêtre et vit l’aveugle qui jouait à un jeu de société avec son ami, au coin du feu. Joyeuse à l’idée de jouer aussi, elle frappa à la porte.

 

La porte s’ouvrit et l’ami de l’aveugle apparut devant elle. Mais au lieu de lui souhaiter la bienvenue, il ouvrit de grands yeux effrayés devant la laideur de la fée.

 

-Un monstre ! cria-t-il.

 

-Oh non ! Chasse-le ! cria l’aveugle de l’intérieur de la pièce.

 

La fée resta figée sur place, complètement catastrophée. Comment pouvait-on la rejeter alors qu’elle était venue pour s’amuser ?

 

-J’étais venue pour toi et j’étais prête à exaucer un de tes vœux ! s’écria enfin la pauvre fée, catastrophée, avant de s’enfuir. L’aveugle reconnut sa voix et se précipita pour s’excuser mais la fée était déjà partie, toute triste.

 

-C’est horrible, dit l’aveugle à son ami. Nous venons de chasser ma nouvelle amie, elle doit avoir beaucoup de chagrin. Demain, j’irai la voir dans la forêt pour lui dire de revenir.

 

Il partit le lendemain. Il retrouva le puits de la fée, l’appela et attendit patiemment, espérant la revoir et lui parler. Au bout d’un moment, un oiseau vint se percher sur la margelle du puits.

 

-Malheureux, dit l’oiseau, qu’as-tu fait ? Tu as fait peur à la fée du puits et elle est partie ! Si tu veux la retrouver, il te faudra marcher vers le nord trois jours durant et escalader la montagne de cristal. La fée s’est réfugiée en haut. Bonne chance !

 

L’oiseau s’envola. Courageusement, le voyageur se mit en route, s’aidant de son bâton pour rester sur le chemin. Parfois, il croisait des gens qui lui confirmaient qu’il marchait bien vers le nord, et parfois, il avançait seul grâce à la force de l’habitude. La nuit, il dormait dans des auberges. Parfois, les gens lui demandaient où il allait et le prenaient pour un fou quand il répondait : « Je vais au nord pour m’excuser auprès d’une fée ».

 

Enfin, un soir, son bâton heurta une surface lisse et bien plus grande qu’un arbre. Il la palpa, marcha à gauche, à droite, et reconnut qu’il était arrivé à la montagne de cristal. Joyeusement, il tenta de l’escalader et se rendit compte que c’était impossible car elle était trop lisse : il ne pouvait trouver aucune prise et retombait toujours à terre. Comme il ne voulait pas renoncer, il chercha d’autres endroit de la paroi qu’il pourrait escalader, mais n’en trouva aucun. Découragé, il s’assit par terre, la tête dans les mains.

 

C’est alors qu’il entendit un tout petit bruit plaintif. Intrigué, il s’avança lentement jusqu’à la source de ce bruit. On aurait dit qu’une chose minuscule pleurait, posée par terre.

 

-Quel est ce bruit que j’entends ? demanda l’aveugle.

 

-Je suis un oisillon, je suis tombé du nid et j’ai peur ! répondit une toute petite voix. Mes parents sont partis très loin pour me chercher de la nourriture. Ils ne seront pas revenus avant un moment, et si les chats sauvages me trouvent ici, ils vont me dévorer ! Aidez-moi, je vous en supplie !

 

Le voyageur, qui avait bon cœur, prit l’oisillon avec précautions et le déposa sur son chapeau.

 

-Merci ! dit joyeusement l’oisillon. Maintenant, en échange, je vais faire quelque chose pour toi ! De quoi as-tu besoin ?

 

-Tu es gentil, petit oiseau, répondit le voyageur en riant, mais ce n’est pas une petite chose comme toi qui vas pouvoir m’aider ! Ce que je désire le plus au monde se trouve beaucoup trop loin pour que tu puisses me l’apporter avec tes ailes minuscules.

 

-Tu cherches quelque chose ? demanda l’oisillon. Qu’est-ce que c’est ? Contrairement à toi, j’y vois très bien, je peux t’aider à le retrouver ! Est-ce que ça brille ?

 

Le voyageur ne voulut pas vexer l’oisillon en refusant son aide.

 

-Je ne sais pas si elle brille puisque je ne l’ai jamais vue, avoua-t-il. Mais nous allons marcher un peu en rond en attendant que tes parents viennent te chercher. Si tu vois quelque chose d’intéressant, tu n’as qu’à me le dire, on avisera.

 

-D’accord ! cria le petit oiseau. Oh, je sais : avance un peu, prend à gauche… Comme cela, voilà. Et continue tout droit. Toujours tout droit. Fais des petits pas, ça glisse un peu… Oui, un tout petit peu plus à gauche.

 

Docilement, l’aveugle suivit les instructions de l’oisillon. Il avait l’impression de suivre une route qui montait un peu en tournant légèrement sur la gauche.

 

-Tu es sûr qu’on ne s’éloigne pas trop ? demanda-t-il au petit oiseau.

 

-Certain ! D’ailleurs, il n’y a qu’une seule route ! Et de toute façon, même si on se perd, mon papa nous retrouvera et te raccompagnera chez nous. N’aie pas peur, voyageur !

 

Le voyageur continua donc bravement son chemin, guidé par l’oisillon qui sifflait sur son chapeau. Au bout d’un long, d’un très long moment, l’oisillon se mit à pépier :

 

-Enfin, nous sommes arrivés ! Si tu y voyais de tes deux yeux, je te dirais de ne pas regarder en bas.

 

-Pourquoi ? demanda le voyageur, inquiet.

 

-Mais parce que nous sommes très haut ! Nous sommes arrivés en haut de la montagne !

 

-En haut de la montagne ? répéta l’aveugle, incrédule.

 

-Mais oui ! C’est ici que se trouve le nid de mon papa et de ma maman. Ils vont être très contents quand ils vont nous voir.

 

Le voyageur comprit qu’ils avaient dû monter lentement en prenant une route qui s’enroulait autour de la montagne. C’était incroyable !

 

-Tu sais, dit-il à l’oisillon, c’est ici que je voulais venir. Je suis venu rechercher mon amie en haut de la montagne.

 

-Eh bien, il fallait me le dire ! s’étonna le petit oiseau. Ah, ces gens, ça croit tout savoir et ça ne sait rien…

 

Le voyageur s’assit et posa son chapeau par terre. Lui et l’oisillon attendirent patiemment, et au bout d’un moment, ce dernier bondit hors du chapeau.

 

-Maman, Papa ! cria-t-il. Vous m’avez tellement manqué !

 

C’était les parents du petit oiseau. Le voyageur les écouta, émus, quand une voix familière le fit tressaillir :

 

-Eh bien, mon ami ! Te revoilà !

 

C’était la fée redevenue joyeuse. Elle et le voyageur se sautèrent au cou, dirent au revoir à l’oisillon et à sa famille et décidèrent de redescendre la montagne, bras-dessus, bras-dessous.

 

-Je t’avais dit que je suis une fée, fit remarquer la fée le long du chemin.

 

-Je le sais, maintenant, énonça le voyageur. Mais pourquoi es-tu partie, l’autre soir ? J’aurais aimé que tu restes pour jouer avec nous.

 

-Oh, tu sais, il y a tellement de gens qui ont peur de moi, dit la fée avec regret. J’ai l’habitude de partir trop tôt. Cela faisait longtemps que je n’avais parlé à personne avant toi, et ça fait encore plus longtemps que je n’ai plus exaucé de vœux. Mais j’y pense, je n’ai pas encore exaucé le tien ! Que souhaites-tu, dis-moi ?

 

-M’exaucer un vœu ? s’étonna le voyageur. Mais j’ai tout ce que je pourrais souhaiter !

 

-Oh, s’il te plait ! le pria son amie. J’aimerais tellement t’en exaucer un !

 

L’aveugle se gratta la tête, réfléchit longuement, puis finit par trouver une idée :

 

-Tiens, j’aimerais beaucoup voir ton visage. Tu es mon amie, après tout, et je me moque que tu sois belle ou laide.

 

Alors, la fée lui rendit la vue. Emerveillé, le voyageur regarda autour de lui et vit la montagne, le chemin, la famille des oiseaux enfin réunis et son amie la fée qui lui souriait. Il lui prit la main et ensemble, ils rentrèrent chez eux. A partir de ce jour, ils se revirent régulièrement pour bavarder, plaisanter, jouer ensemble et parler de l’étrange aventure qui leur était arrivée. Ils restèrent amis toute leur vie.

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